Un tramway nommé désir


Écrire un CV est tout un art, et j’en ai publié je ne sais combien en ligne, au fil des ans.

Pendant longtemps, il y a eu pléthore d’informaticiens, et les entreprises étant réputées privilégier les jeunes diplômés, moins chers et gavés de connaissances fraîches, je ne m’étonnais pas trop de mon peu de résultat dans mes recherches, qui me désolait.

Et puis, le 1er de ce mois, quelqu’un a actualisé mon email dans mon profil sur Cadremploi.

Je découvre tout à coup que mon CV cartonne, mais que mes coordonnées étant périmées depuis belle lurette, personne n’a jamais dû parvenir à me joindre.

Jusqu’à hier.

Une première entreprise m’a contacté hier, une seconde aujourd’hui.

La première m’ayant informé qu’elle avait lu mon CV sur un site nommé ‘jobard’, et présentant en outre une particularité inhabituelle, j’ai pensé ‘on me prend pour un pigeon’ : je l’ai mal reçue.

Le seconde semblait plus sérieuse.

Anyway, pour une fois que des recruteurs m’approchent, ça fait mal au cœur de refuser.

Pour être autorisé à prendre ma retraite l’an passé, j’ai dû m’engager par écrit à ne plus travailler. Je sais bien que j’ai un peu répondu à côté, mais quand même, il y a un risque que cet engagement m’engage.

Le montant de ma retraite, un poil en dessous du seuil de pauvreté, me convient.

Je développe mes propres scripts selon mes besoins, de petits bijoux (disent mes amis) où mon expérience de près de 35 ans du scripting est inestimable : je reste fidèle à POSIX et à Unix System 5, même sur le Mac.

Je me remet petit à petit à la photographie.

J’ai retrouvé de vieilles photos de ma jeunesse, des photos dont je suis absent : je devais être plus souvent avec un appareil dans les mains qu’à poser devant ceux des autres.

J’ai envie de penser à moi pour les quelques années lucides qu’il me reste.

Profiter de l’après-Brexit pour remettre mon anglais à niveau, puis aller faire un peu de trekking, partout sur la planète.

Et que l’on m’inhume là où je tomberai …

[article réécrit le 3 octobre 2019]

:^)